Quinze dollars pour un revolver

Quinze dollars pour un revolver

Quinze dollars pour un revolver
Le procès de mon père a eu lieu quelque temps après. Il y avait cinq jurés. « Coupable », ils ont déclaré. À l’unanimité. Les salopards ! Mon père n’a fait que se défendre. Ils l’ont pendu haut et court. Je suis orphelin depuis ce jour. Mais je suis aussi un homme depuis ce jour. Parce que j’ai un but, un seul : me venger. J’ai passé les dernières années à travailler pour survivre. Et j’ai économisé pour m’acheter un Colt Frontier Six-Shooter. Le même que mon père. Comme ça, ma vengeance sera forte, tu vois ? Il me faut la même arme pour venger la mort de mon père.

Un conte de la Bibliothèque Incendiée

Livre numérique seulement.

Cela dit, tous les contes de la Bibliothèque Incendiée sont disponible dans un livre "papier".

ISBN: 978-2-9818932-6-0
Éditions Didascalie


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Extrait - Quinze dollars pour un revolver


Il faisait très chaud. Autant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la petite boutique dans laquelle Pat venait d’entrer. Le soleil de midi plombait au travers de la vitre, sur l’homme, derrière le comptoir. Son regard se perdait de l’autre côté de la rue. Que regardait-il ? se demanda Pat. Certainement pas le bureau de tabac ni le télégraphe. Il parierait que c’était le saloon que le vendeur regardait.

— Hello, fit Pat.

Le vendeur se retourna en sursaut. Il regarda son client et vit un adolescent aux grands bras qui avait tenté de se raser ce matin, mais avait omis quelques touffes et s’était coupé à plusieurs reprises. Bottes de cowboy de mauvaise qualité, pantalon beige et chemise rouge trop grande pour lui. Et il souriait à belles dents.

— Que j’peux faire pour toi, mon garçon ?

— C’est pour acheter un revolver. Un Colt Frontier Six-Shooter. Il coûte quinze dollars. Et je les ai, fit fièrement le jeune homme.

— On t’a mal renseigné, je vends le Colt Frontier à vingt dollars.

Pat perdit son sourire sur le coup.

— Mais je… on m’a dit que…

— C’est pas grave ! Si t’as quinze dollars, j’ai un Smith & Wesson Model 3, calibre 44…

— Non ! C’est le Colt qu’il me faut. Je pourrai pas autrement.

Le vendeur regarda son client avec un demi-sourire.

— Tu pourras pas quoi ? Pourquoi te faut-il ce revolver plutôt qu’un autre ?

— None of your business ! répondit le jeune homme.

— Tu veux pas le dire ? Très bien, alors le prix reste à vingt dollars. Reviens quand tu les auras.

— Okay, c’est bon, je vais te l’dire. Mais tu dois promettre de rien dire à personne, jamais. Entendu l’ami ?

— C’est bon, j’dirai rien à personne. Raconte-moi c’que tu vas faire avec c’te flingue. Et d’abord, c’est quoi ton nom ?

— J’m’appelle Patrick O’Donnell. J’ai pas d’mère et j’ai pas d’père depuis plus de dix ans. Je m’souviens de la mort de maman. J’étais tout petit, le soleil se couchait à l’horizon, un homme est arrivé à la maison. Il était très bien habillé et avait une belle moustache lustrée. Il est entré avec papa. Je suis resté sur le porche avec maman. Au bout d’un moment, les voix se sont élevées à l’intérieur et ils ont commencé à se battre. Maman est rentrée pour les séparer, lorsqu’un coup de feu est parti. J’ai regardé à l’intérieur, maman gisait par terre, les deux hommes la regardaient, effarés. L’inconnu avait encore son arme fumante à la main. « Oh non ! », qu’il fit en s’agenouillant près de maman. Papa en a profité pour pointer son revolver vers l’étranger. « Tu vas me le payer. » qu’il a dit, avant de tirer. L’homme est tombé sur maman, leurs sangs s’écoulaient ensemble sur le plancher, un peu comme le soleil qui saignait dans le ciel.

Le procès de mon père a eu lieu quelque temps après. Il y avait cinq jurés. « Coupable », ils ont déclaré. À l’unanimité. Les salopards ! Mon père n’a fait que se défendre. Ils l’ont pendu haut et court. Je suis orphelin depuis ce jour. Mais je suis aussi un homme depuis ce jour. Parce que j’ai un but, un seul : me venger. J’ai passé les dernières années à travailler pour survivre. Et j’ai économisé pour m’acheter un Colt Frontier Six-Shooter. Le même que mon père. Comme ça, ma vengeance sera forte, tu vois ? Il me faut la même arme pour venger la mort de mon père.

Le jeune homme, en nage, les yeux rivés sur son interlocuteur, tenait le comptoir de ses mains crispées, comme s’il retenait la colère qui bouillait en lui depuis des années.



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