Le crime d'Ahmosès

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Le crime d'Ahmosès

Le crime d'Ahmosès
Le jeune prince égyptien, Ahmosès, voit son monde bouleversé lorsqu’on l’envoie dans une communauté d’escales. Il y est pour enquêter sur un perturbateur, un agitateur qui menace de créer un soulèvement populaire. Cet homme annonce leur libération. Mais les recherches d’Ahmosès, infiltré incognito dans la communauté des esclaves, reste infructueuse. Il devra bien trouver ce “sauveur” que tous annonce, sans quoi il restera un esclave pour toujours.

Un conte de la Bibliothèque Incendiée

Livre numérique seulement.

Cela dit, tous les contes de la Bibliothèque Incendiée sont disponible dans un livre "papier".

ISBN: 978-2-9818932-9-1
Éditions Didascalie


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Extrait - Le crime d'Ahmosès


Pharaon attendait son neveu sur son grand balcon qui donnait sur la ville du Caire. La vue de la cité en ce plein après-midi de chaleur torride le rendait irritable.

— Je ne suis pas fait pour la chaleur de la ville, se dit-il, je préférerais mille fois être dans la fraîcheur de la vallée.

Et pourtant, il ne portait qu’une tunique légère de lin blanc parfumée de menthe, quelques colliers d’or et sa bague de saphir.

— Te voilà, Ahmosès, ce n’est pas trop tôt, s’exclama Pharaon lorsqu’un jeune homme apparut.

— J’ai accouru dès réception de votre message, Votre Altesse Royale.

L’homme qui s’agenouillait devant Pharaon avait à peine une vingtaine d’années. Son visage ne possédait pas la carrure d’un homme mûr, mais on pouvait y percevoir la force de caractère et la détermination. Il avait les yeux et la peau sombres. Sa tenue sobre ne révélait son haut rang que par le collier de la lignée royale que le jeune homme portait dignement.

— Relève-toi. Tu sais bien que je tolère ces protocoles lors d’événements mondains, mais en privé, je n’aime pas que l’on me baise les mains et les pieds. Ce n’est pas compliqué : je n’aime pas que l’on me touche.

— En quoi puis-je vous servir, mon seigneur Pharaon ?

— Oui, venons-en à ce pour quoi je t’ai fait mander.

Pharaon fit quelques pas pour atteindre le balcon qui dominait la ville. Puis il reprit :

— Tu sais que nous avons beaucoup d’esclaves, nous égyptiens. Ces esclaves forment l’un des moteurs de notre imposante économie et de notre rayonnement. Ils bâtissent nos cités, nos temples et nos monuments. Ils sèment et récoltent notre grain ; ils font paître nos chèvres et nos moutons. Nous avons des esclaves nubiens, éthiopiens, syriens, libyens, cananéens et combien d’autres encore ? Ils forment tous d’excellents esclaves. Ils travaillent dur, si on les fouette durement. Tous, sauf un groupe : les samétriens. Ce peuple-là refuse la servitude. Enfin, tout cela ne serait pas embêtant, s’ils n’attendaient de leur dieu d’être libérés. Bon sang, Ahmosès ! les autres esclaves, eux, rêvent de liberté, mais ils savent bien que ce n’est qu’un fantasme. Les samétriens, eux, attendent un sauveur ! Un vrai, que leur dieu leur enverrait. Et ils y croient si bien qu’ils voient partout des signes de son arrivée imminente : dans les étoiles, les grenouilles, les vents forts et je ne sais quoi encore.

Je ne m’inquiétais d’abord pas de leurs faux espoirs, jusqu’à récemment. D’abord, la lune est passée du blanc à l’ocre, il y a quelques jours. Ils y ont vu l’avènement de leur libérateur, alors ils fomentaient, ils trépignaient, ils ne tenaient plus en place. Nos gardiens ont eu beaucoup de mal à leur serrer la bride. Ensuite, j’ai moi-même fait un songe d’une clarté étonnante. Je me trouvais sur le bord du Nil avec mes habits d’apparat, lorsque le niveau de l’eau se mit à baisser rapidement. Je m’avançai sur le sable encore humide et plus j’avançais, plus le niveau de l’eau diminuait. Je m’avançais encore et encore, l’eau fuyait je ne sais où. Je descendis dans le lit du Nil, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus une goutte d’eau. Alors, au fond, sur le sable sec, j’avais pris la forme d’un crocodile mort. J’ai fait interpréter mon songe par mes astrologues et ils y voient tous un mauvais présage. Cette eau, c’est la force de l’Égypte. C’est, j’en suis sûr, l’esclavage sur lequel nous comptons. Si elle fuit, nous ne sommes plus rien. Nul esclave ne doit croire à sa libération, m’entends-tu ? Samétrien ou non. Je veux débusquer ce prétendu sauveur, Ahmosès, et donner sa mort en exemple. Tu vas donc le trouver et me le rapporter.

— Mais, n’avez-vous pas vos espions pour ce genre de travail ?

— Ils n’ont rien trouvé. Tous des incompétents. Toi, tu connais la langue samétrienne et ton accent est, m’a-t-on dit, impeccable. Et tu n’as peur de rien. Tu devras te faire passer pour l’un des leurs. Tu deviendras esclave jusqu’à ce que tu trouves ce fauteur de trouble.

— Et… si je ne le trouve pas ?

— Alors tu resteras esclave toute ta vie ! Est-ce clair ? D’ailleurs, dès à présent, je te retire tes prérogatives royales. Ôte ton collier et donne-le-moi. Maintenant, va chez les samétriens et trouve leur libérateur.



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